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22 mai 2015

Piano

Ma mère a initié au piano ses trois filles. Je suis la seule à avoir continué. Après quelques cours avec un professeur particulier, j'ai passé le concours d'entrée et ai été admise au conservatoire de Nantes. Au risque de décevoir certains, ma réputation de bonne pianiste est complètement usurpée. Je n'ai pas l'oreille absolue ni tous les dons qu'on prête généralement aux autistes musiciens. Nulle en solfège, techniquement très mauvaise (passer des heures à faire des gammes et des arpèges me gavait), mes doigtés étaient originaux mais inefficaces, mes mains, trop petites et souvent glacées. On me reconnaissait cependant un certain talent d'interprétation. Mon professeur au Conservatoire avait déconseillé à mes parents de me laisser écouter de la musique classique pour ne pas influencer mon jeu. C'était un de mes plaisirs jusque-là. Cela, ajouté à la pression des auditions et à l'obligation d'étudier des oeuvres qui ne m'intéressaient pas, m'a, petit à petit, éloignée de l'instrument. Pour bien jouer un morceau, il faut que je le "comprenne", qu'il fasse naître des images, des sentiments en moi. Par exemple, quand je joue la "Lettre à Elise", je lis véritablement dans ma tête une lettre avec ses anecdotes croustillantes ou tragiques. De formation classique, j'ai eu du mal, comme en littérature, à accéder à des oeuvres plus contemporaines. Debussy m'a longtemps rebutée avant de devenir un de mes compositeurs fétiches...

J'ai abandonné le piano, comme tout le reste, à l'âge de 12-13 ans. Ma vie d'alors, trop instable, ne me permettait plus de le pratiquer. Quand l'envie d'en jouer me tenaillait, j'entrais dans un magasin d'instruments, faisait mine d'être intéressée pour pouvoir l'essayer (ce qui m'a permis de jouer sur de superbes pianos à queue). Certains vendeurs qui avaient répéré mon manège me donnaient même une pièce car cela attirait les clients. Grâce à un don généreux de mon grand-père à tous ses petits-enfants, j'ai acquis mon piano (électrique,mais avec toutes les qualités d'un "vrai") à 25 ans. Depuis, il me suit dans toutes mes pérégrinations, a subi une inondation et moult déménagements. J'en ai joué, en dilettante. Je me suis même mise un peu au jazz. Depuis que je suis à ,Nantes, il reste presque constamment fermé et sert de support-cadre-de-photos, porte-document, vide-poche...

Il y a peu, mon fils m'a demandé de lui apprendre à en jouer. J'étais sceptique. Il voulait commencer à l'âge auquel j'avais arrêté...

En une heure et demie de cours, il avait intégré la position des doigts, la clé de sol, la clé de fa, les rythmes de base et nous avons même pu jouer des morceaux à quatre mains ! J'ai préféré arrêter là pour ne pas trop lui "farcir la tête" mais il a passé le reste de sa journée à jouer des partitions trouvées sur internet...

La musique fait partie intégrante de notre vie. Mon fils adore chanter, je lui ai même offert un karaoké, il y a quelques années. Pourtant, ma mère et son professeur de musique se plaignent de ne jamais l'entendre. Moi-même, j'en écoute rarement. Puis soudain, au détour d'une voix, d'un son, d'un rythme qui va me soulever l'âme, je comprends sa puissance et son pouvoir sur moi.

Ainsi, même si mon piano est réduit à l'état de vulgaire meuble, sa présence me reste nécessaire...

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