Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aspi de A à Z
4 décembre 2014

Adaptation

Jouer ou ne pas jouer la comédie de la normalité, to be (free) or not to be, that is the question comme pourraient le dire conjointement Shakespeare et Josef Schovannec ainsi qu'une multitude d'aspis... C'est aussi la question qui taraude nombre de parents pour leurs enfants et divise la "communauté autistique". Aux extrémités, on trouve ceux qui clament haut et fort que l'autisme est un fonctionnement neurologique différent qui, bien utilisé, nous rendrait supérieurs aux neurotypiques et ceux qui essaient par tous les moyens de gommer cette différence, des dénominations de groupes comme "Fierté Autistique" ou d'associations comme "Vaincre l'autisme".

On a souvent critiqué, on le fait encore, et on le fera sans doute demain ma façon d'éduquer mon fils. On m'a reproché de ne pas avoir assez d'exigences (formuler des phrases complètes: verbe, sujet, complément, adverbes, adjectifs...), de ne pas le forcer à se sociabiliser davantage ( en dehors de bonjour, au revoir, trouve quelque chose d'autre à dire!), de tout lui céder (il ne demande jamais rien que de l'attention mais c'est une vraie sangsue avec moi) de n'être pas assez attentive à son hygiène, sa tenue (j'ai déjà du mal avec la mienne), d'avoir toujours tendance à le défendre (j'ai vraiment l'impression d'être la seule à le comprendre), de le surprotéger (j'ai toujours peur pour lui mais ça freine son autonomie), de ne pas assez le protéger (je veux qu'il apprenne à se défendre), de trop l'assister (il faut qu'il fasse les choses tout seul), de trop le laisser se débrouiller seul (ce n'est encore qu'un enfant et c'est mon rôle de mère) de ne pas l'aider assez ( il ne faut pas le laisser seul face à l'échec), de trop contribuer à sa réussite (ce n'est pas complètement son oeuvre, donc, aucun intérêt pour lui), de trouver normales ses attitudes anormales (normal,on se réfère à ce qu'on connait. Mes normes ne sont pas forcément celles des autres)... Je vous livre pêle-mêle et partiellement (liste non-exhaustive) mes réflexions et celles auxquelles j'ai eu droit de la part de ma famille, mon entourage, les pédopsychiatres, les enseignants, etc...

Pour mon cas, la question reste subsidiaire. J'ai joué la comédie pendant des années (très mal, je suis mauvaise comédienne). Ma découverte du SA m'a donné des vélleités de m'affirmer davantage, m'a décomplexée, déculpabilisée. Mais, finalement, j'avais déjà réussi à trouver un certain équilibre.  Mon être est fait de ce que je suis, de ce que j'ai vécu et de ce que j'ai appris. Je n'ai pas l'impression de me trahir. Je me dis que si je demande à la société de faire des efforts pour m'accepter telle que je suis, je me dois de faire des efforts pour l'accepter telle qu'elle est.

Pour mon fils, sa différence ne me posait aucun problème (il fallait déjà que je m'en rende compte) jusqu'à ce que je comprenne qu'il en souffrait. Me sont alors revenues en mémoire toutes les moqueries, méchancetés, brimades subies (pas toujours sans broncher) mais contre lesquelles je m'étais tellement cuirassée qu'elles finissaient par ne plus m'atteindre; La solitude qui restait ma seule compagne constante même quand j'étais entourée; L'incompréhension (pourquoi me trouvent-ils différente ? Pourquoi me sens-je moi-même différente ?). La révolte intérieure qui se traduisait par de l'anorexie, de la boulimie, des tentatives de suicide, des fugues, des addictions, des "conduites à risques"... Mais aussi la force tranquille que me procurait parfois le sentiment de détenir une autre vérité; Le détachement pour les choses matérielles et les ambitions sociales qui me permettait d'échapper aux turpitudes communes; La faculté d'être la seule à trouver une solution à un problème en apparence insoluble, simplement en portant un regard différent...

Alors, en tant que parent, oui, j'encourage mon fils à imiter, à se fondre dans la masse, à s'intégrer dans ce monde de neurotypiques qui est aussi notre monde.Parce que ce qui m'importe avant tout, c'est qu'il soit heureux. Je l'engage aussi à s'accepter et à se respecter tel qu'il est car son bonheur serait trop fragile s'il restait soumis à un état de mensonge permanent. La fatigue qu'entraine le travail de suradaptation sera, je l'espère, (ré)compensée par un meilleur accueil de la société

Parce que j'ai à coeur de changer le regard des gens sur l'autisme. j'ai choisi le moyen qui correspond le plus à ma nature profonde (même s'il n'est pas forcément le plus efficace) : diffuser l'information plus par l'intégration, puis le partage que par la revendication.

Publicité
Publicité
Commentaires
Newsletter
9 abonnés
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 25 245
Aspi de A à Z
Archives
Aspi de A à Z
Derniers commentaires
Publicité