Quelque chose en plus

C'est le titre du dernier film de Sophie Robert.

Connaissant vaguement le sujet de celui-ci, je croyais naïvement qu'il faisait allusion à ce "quelque chose en plus" qu'ont nos enfants autistes (!). En fait, il s'agissait de ce "quelque chose en plus" qu'ont leurs éducateurs dans certains IME. Il est vrai que ces derniers font preuve d'un dynamisme et d'une motivation admirables qui semblent porter leurs fruits. Sa projection a eu lieu près de Nantes cette semaine, à l'initiative de l'association autisme 44 et était suivie d'un débat. Je ne raconterai pas le film (analyse élogieuse de la méthode ABA) qui vaut la peine d'être vu et que l'on ne peut d'ailleurs résumer. On pourra toujours reprocher à Sophie Robert d'être de parti pris, ce genre de reportage reste nécessaire pour peu qu'on le regarde avec du recul. Car, s'il est un formidable message d'espoir pour beaucoup de parents, il faut se garder de considérer les techniques de l'ABA comme une solution miracle même si ce mode d'apprentissage donne parfois des résultats spectaculaires surtout pour les autistes dits "sévères" (non-verbaux). En fait, avec mon fils, j'utilisais déjà instinctivement certains "trucs" comme les temps très courts d'apprentissage entrecoupés de récompenses, des objectifs minimes mais fermes pour que les progrès restent flagrants, donc encourageants, non pas comme méthode de "dressage" mais parce que moi-même, je fonctionne et apprends comme cela. J'ai été plutôt sceptique en revanche sur l'exagération des mimiques et des intonations. Les personnes trop démonstratives ou toniques provoquent chez mon fils (et moi) plus de méfiance que d'attirance. Comme quoi ce qui est valable pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre... D'autres thérapies éducatives et comportementales existent et se complètent : TEACCH, TED, modèle de Denver... Les théories de la Forteresse Vide et de la "mère réfrigérateur" s'éloignent (lentement, en France) et c'est déjà un heureux constat.

J'attendais beaucoup du partage d'idées des spectateurs et intervenants et j'ai finalement été un peu déçue. Le matériel sono avait quelques ratés qui rendaient l'audition désagréable si ce n'était carrément impossible par moments. Une mini polémique a débuté dès la première question au sujet du prix d'une journée dans cette structure. Je ne connais rien de plus frustrant que ce soit en tant qu'auditeur ou orateur que d'être en face d' affirmations contradictoires sans qu'aucune ne puisse être prouvée. On a parlé du retard de la France (et de l'Autriche) en connaissance et "traitement" de l'autisme (bref, rien de très nouveau) et on a débattu de la façon dont les autistes ressentiraient les choses (notamment les crises d'angoisse). Le temps que la salle (et surtout moi) se "chauffe", et la séance touchait déjà à sa fin. J'aurais bien voulu intervenir mais ma main (trop discrètement ?) levée est passée inaperçue parmi d'autres. Je n'ai pourtant pas regretté ma soirée qui m'a permis, en outre, d'être présentée à une Asperger nantaise dont je souhaitais vivement faire la connaissance.

A l'occasion de son passage à Nantes, Sophie Robert a eu droit à une brève interview sur une radio locale. Merci à elle d'avoir rectifié par "trouble neurodéveloppemental" la définition de l'autisme que la journaliste résumait par "maladie caractérisée par une interaction sociale et une communication anormale avec des comportements restreints et répétitifs" ! (Bien que le mot "trouble" puisse encore donner lieu à une interprétation péjorative). Depuis son film,"Le Mur", composé de séquences d'une oeuvre plus grande à l'origine et qui devait porter sur la psychanalyse en général, la réalisatrice se passionne pour l'autisme et déborde de projets. Le sujet de son prochain film sera l'inclusion scolaire. J'ai hâte de retourner au cinéma...