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13 mai 2014

zoophilie

Je prends bien sûr ce terme dans son sens premier. Nous autres, autistes, aimons les animaux sans perversion aucune.

J'étais une enfant calme et obéissante. M'opposant plus par une forme d'inertie que par des manifestations agressives, je ne faisais jamais de caprice ni colère. Mon apparente docilité cachait une volonté de fer qui ne se montrait qu'en de rares occasions. Les deux dont je me souvienne (ma mère en parle encore) : quand mes parents ont voulu me forcer à manger du foie (aliment haï entre tous) et quand ils ont voulu me séparer de mon chien. Dans le premier cas, j'ai menacé de me jeter par la fenêtre en montant à l'étage avec mon assiette (j'ai pris la fessée de ma vie mais j'ai gagné !). Quand à mon chien...Boxer issu d'une portée de 7, il n'avait pas attiré mon attention au premier abord. Un jour, mon père me prend à part et me dit : "- Pourquoi ton frère, ta soeur et toi vous occupez-vous toujours des mêmes ? Regarde, il y en a deux, tout tristes, que vous ne prenez jamais". J'avais répondu : "- Parce qu'ils sont trop moches avec leur tête blanche !" "- C'est justement parce qu'ils sont plus laids que les autres qu'ils ont besoin de plus d'amour que les autres." (J'avais 7 ans, cette phrase me trotte toujours dans la tête). J'ai écouté mon père et me suis intéressée à un des chiots mis au rebut. Il était destiné à être vendu. J'ai commencé par décourager tous les acheteurs éventuels qui se présentaient. Puis, quand mes parents on fini par le céder à une animalerie des quais de Seine à Paris, moi qui n'avais rien dit jusque là, au moment de partir, me suis accrochée à la cage d'exposition. Je me suis mise à pleurer, à crier "c'est mon chien! c'est mon chien!". Un attroupement s'est formé. Certains clients ont même proposé de l'acheter pour me l'offrir. Mes parents, gênés, ont dû annuler la transaction, rendre l'argent et reprendre le chien. Ils ont voulu m'envoyer en pension peu de temps après. Je n'ai accepté qu'à la condition que mon chien viendrait avec moi. J'ai eu la chance de tomber sur des religieuses très compréhensives. Mon chien est devenu la mascotte de l'école. Globale (allez savoir pourquoi... c'était le nom d'un grand magasin de meubles de  l'époque...) n'a jamais atteint sa taille adulte. Il est resté plus petit que la normale. Peut-être était-ce parce que je le trimballais partout (dans mon cartable, dans mes poches de robe de chambre...)? Il est devenu le meilleur compagnon de mes années d'enfance.

Mais il n'y avait pas que Globale. Une grande maison, un grand jardin, nous permettaient d'accueillir oiseaux de toutes sortes, lapins, poissons, cobayes, cochons d'Inde, écureuil, chat, poules et même un mouton. Ce dernier, acheté agneau, devait être sacrifié pour le repas de communion de mon frère et de ma soeur. Dès que je l'ai compris, j'ai alerté ceux-ci et leur ai discrètement suggéré de faire acte de rébellion. Mes parents ont eu du mal à comprendre pourquoi, d'un seul coup, ils ne voulaient plus faire leur communion. Nous avons gardé le mouton.

Mon fils s'est toujours intéressé aux animaux. Même ceux dont il a peur (certains chiens, chevaux) le fascinent. Il peut rester des heures dans le poulailler de ma mère (comme moi, enfant) et a une passion pour les chats.

Il y a entre les autistes et les animaux une communication intuitive ("le langage est source de malentendus"), un grand respect de la vie, un refus de la souffrance (curieux pour des gens censés manquer d'empathie!). Ils nous donnent plus  l'envie et la force de nous ouvrir au monde que les représentants de notre propre espèce. Ce n'est pas anodin si certains autistes, au contact des animaux, font de grands progrès et que de plus en plus de thérapie s'instaurent dans ce sens. Peut-être est-ce parce que nous fonctionnons (ou fonctionnerions, si la société ne nous dénaturait pas) instinctivement comme eux. Là est peut-être la clé. Notre difficulté à comprendre les sous-entendus, certains gestes ou expressions en contradiction avec les paroles provient peut-être du fait qu'il s'agit là d'un mode de communication typiquement humain. Nous sommes peut-être, tout simplement, restés plus bruts, plus authentiques, plus proches de notre véritable nature que les neurotypiques. Car, après tout, l'homme est un animal...

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