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6 mai 2014

Xénophobie

Je voudrais, ici, utiliser ce terme dans son sens large, étymologique. La xénophobie, ce n'est pas seulement la peur des étrangers, c'est la peur de l'étrange, de ce qu'on ne connait ou ne comprend pas.

Tous les Asperger sont victimes de xénophobie de la part des neurotypiques. Cela, à des niveaux variés, suivant les personnalités de chacun et selon les périodes, la pire restant celle de l'adolescence. Cette phase est particulière pour tous. On essaie de couper le cordon, de trouver de nouveaux repères, on évolue physiquement et psychologiquement. L'émergence de la sexualité, le besoin d'appartenance à un groupe, la recherche de son identité (là aussi, au sens étymologique du terme), la tentation de tester et repousser ses limites changent les regards. On dit que les enfants peuvent être méchants entre eux ( et c'est vrai! ); que dire des adolescents ? Nous avons subi à cet âge l'incompréhension, la mise à l'écart, le rejet, les brimades, les humiliations, les coups même pour certains. C'est la hantise de tous les parents aspis. Nous voudrions protéger nos enfants, qu'ils échappent à cette souffrance. En vain. Ils devront connaitre ce que nous ne pourrons pas leur éviter. Si cela ne les détruit pas trop au passage, ils apprendront alors à dissimuler leurs différences, à élaborer des stratégies pour passer plus ou moins inaperçus. Ils se plieront aux rituels sociaux. Ils se construiront une personnalité en apparente adéquation avec les exigences de leur entourage. L'asperger a un tel besoin d'amour (de le recevoir, mais surtout de le donner) qu'il se sacrifie. Mais après cette période d'abnégation, le naturel reviendra au galop. Seront-ils assez forts ? Sommes-nous assez forts nous-même pour endurer cette méfiance récurrente envers notre étrangeté ?

Le fait d'avoir découvert le syndrome m'a d'abord fait peur, puis rassurée. Je sais maintenant que je suis normale (enfin, selon la norme des Asperger). Je sais que, malgré tous mes efforts, les gens me considéreront toujours comme atypique; qu'il ne s'agit ni d'un manque de volonté, ni d'une mauvaise mise en oeuvre de moyens, mais d'une incapacité biologique (ouf ! enfin déculpabilisée !) J'accepte mon état d'autisme mais je ne le porte pas comme un drapeau. Je continue, il le faut bien, à vivre dans un monde fait pour et par les neurotypiques. Je suis fatiguée de m'adapter mais je continuerai, un minimum, ne serait-ce que pour essayer de lutter contre cette xénophobie omniprésente.

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