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28 avril 2014

Synesthésie

Le mois dernier, lisant en diagonale avec mon fils "Toi qu'on dit autiste; Le syndrome d'Asperger expliqué aux enfants", je tombe sur un paragraphe qui ne m'interpelle pas particulièrement. Je lui pose la question, négligemment, par acquis de conscience : "- Est-ce qu'il t'arrive d'associer une couleur à un chiffre, une lettre ou un son ?". Là, il me regarde bizarrement. "- Parfois". Il est hésitant. Je sens que j'ai fait une touche. "- Est-ce que, par exemple, quand tu vois un 5, tu le vois bleu ?". "- Ah non ! Pas le 5 ! Pour moi, il n'est pas bleu !". Cette fois, il est catégorique. Il se renferme un peu. Je n'insiste pas. Le lendemain, je reviens à la charge. J'arrive à lui faire dire que, pour lui, le 1 est vert, le 3 est bleu, le 5, jaune, le 9, noir... Il n'aime pas le 9, c'est un vilain chiffre... Il n'en a jamais parlé. Il croyait que tout le monde voyait les chiffres en couleur. Ce n'est qu'à ma question qu'il a compris que ce n'était pas normal. Je tombe des nues et reprends mes recherches, sur la synesthésie, cette fois. Je ne vais pas tout vous détailler, ce serait trop long et fastidueux.

La synesthésie, pour faire simple, est le fait de mélanger des perceptions qui, normalement, devraient rester séparées. Elle n'est propre ni aux Asperger, ni aux surdoués mais beaucoup en font état. C'est une manifestation neurologique dûe au fait que, dans leur cerveau, les informations circulent plus vite. Elle a un caractère génétique. Et c'est reparti ! Après l'autisme, la synesthésie ! Je cherche, cherche... ( mais non, rien à voir avec moi !) jusqu'à ce que je trouve l'une des formes les plus rares : la synesthésie visio-tactile appelée aussi synesthésie tactile-miroir. Quand ces synesthètes voient une personne être touchée à un endroit du corps, ils éprouvent exactement la même sensation dans cet endroit du corps que lorsqu'ils sont eux-mêmes touchés.

Alors, je me souviens. Je suis toute petite. Nous faisons une promenade en rosalie. Le fils d'amis de mes parents perd sa tongue et se prend le pied dans la chaîne. Le temps que l'engin s'arrête, le gamin se met à hurler. Je suis choquée. Mes parents croient que je suis impressionnée par les cris et le sang. Mais il n'y a pas que cela. Je ressens vraiment la souffrance dans mon propre corps.
Je me rends compte que la synesthésie a influencé toute ma vie. Je comprends maintenant pourquoi j'appréhende tant la douleur des autres et tout ce que j'ai pu écrire sur l'empathie. Je comprends pourquoi, dans les bagarres, je finissais par ne plus me défendre et par me laisser tabasser. Je sentais plus les coups que je donnais que ceux que je recevais. Je comprends pourquoi la vue d'un couple d'amoureux s'embrassant me met extrêmement mal à l'aise. J'ai l'impression que c'est moi qu'on touche. Je comprends pourquoi je ne supporte pas le spectacle de la violence. Je croyais que j'étais folle et trop imaginative. J'ai passé ma vie avec des oeillères évitant de regarder ce qui m'entourait. Je sais maintenant que ce phénomène s'explique par de mauvaises informations transmises par le cerveau (comme celle du membre fantôme, par exemple). Mais imaginez mon existence ! Digne d'un scénario de science-fiction...

 

 

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