Empathie

C'est apparemment une notion qui fait défaut aux Asperger. C'est LE point par excellence qui m'a amenée à douter de faire partie de cette famille. Avant de découvrir le syndrome, j'étais persuadée avoir PLUS d'empathie que les gens normaux. Par exemple, je ne peux pas écraser un insecte, ni même une araignée que j'abhorre parce que j'imagine sa souffrance. Du coup, je la ressens dans mon propre corps. Cela engendre une vraie douleur par anticipation. J'essaie de ne jamais faire de mal aux autres, même à mes ennemis. Je ne pourrais m'empêcher d'imaginer leur souffrance et j'aurais plus mal qu'eux. (A noter que j'ai écrit cela avant de découvrir la synesthésie, j'y reviendrai plus tard). Par contre, quand un ami souffre réellement, même d'une situation que j'ai déjà vécue (chagrin d'amour, problème financier, professionnel ou de santé), je le soutiens mais reste détachée. Je ne souffre pas avec lui, ni pour lui, ni par lui. J'analyse la situation avec un regard extérieur afin d'apporter la solution la plus adaptée à son problème ou les mots qui l'aideront le plus à le supporter. Ce qui me permet de garder la tête froide dans les situations où tout le monde panique. Est-ce cela le manque d'empathie ? De toutes façons, se désespérer avec quelqu'un, pleurer avec lui me semble tout à fait inutile. Ce n'est pas de cela qu'il a besoin, selon moi. Ou peut-être mon empathie est-elle tout simplement mal placée...?

Mon fils, lui, quand il voit quelqu'un dans la détresse, ne réagit pas. Il n'a pas le réflexe d'essayer de le consoler. Cela le désole, il est gêné, mais n'a pas les mots, et encore moins les gestes attendus. Plus petit, à la halte-garderie par exemple, quand un enfant pleurait, cela entrainait parfois une réaction en chaîne. Mon fils, lui, se reculait et observait le groupe en larmes, plus intrigué qu'ému. Il lui arrive, par contre, de pleurer en me voyant pleurer mais je crois qu'il s'agit plus d'une manifestation d'angoisse que d'empathie.